Mes
chers collègues,
Après
12 années de présence, je vous informe que ce conseil est le
dernier auquel j’assiste assis autour de cette table, au moins pour
ce mandat.
Je
profite de cette occasion pour vous remercier des témoignages
d’amitié que vous m’avez prodigué lors des problèmes de santé
de mon épouse puis de moi-même.
Ce
sont d’ailleurs ces problèmes de santé qui font que je termine
aujourd’hui ce mandat : la vitesse avec laquelle je récupère
mon bras droit et ma jambe est trop lente pour que je redevienne
complètement efficace avant de nombreux mois. Et je n’aime pas
faire les choses à moitié. Cela va permettre à un autre d’acquérir
une expérience avant l’échéance de 2020.
C’est ainsi que j’ai
commencé : à 2 ans de la fin d’un mandat.
Rassurez-vous,
ou désespérez-vous : vous me verrez encore mais, comme au
siècle dernier au long des années 80, dans les rangs du public.
Certains
d’entre vous étaient à peine nés que j’assistais déjà très
régulièrement au conseil qui se tenait le vendredi soir dans
l’actuelle salle des mariages.
Cette
ancienneté me permet d’émettre un jugement informé sur la
qualité du travail qui se fait ici. J’ai pu remarquer que depuis
ces 10 dernières années, il se dit beaucoup moins de bêtises
autour de cette table.
Par
exemple, j’étais là lorsque l’envoyé de Rambouillet est venu
nous vendre l’adhésion de la ville à leur nouveau service de
ramassage/retraitement des ordures ménagères. La conclusion, au
bout d’une heure, était que, grâce à l’usine de Ouarville et
au recyclage, la valorisation de nos déchets paierait totalement le
service. Vos feuilles d’impôts sont là pour que vous puissiez
vérifier l’exactitude de la démonstration !
À
côté, les divers avenants dont on nous a informés ce soir, sont
peu de choses.
Mais
mon plus inoubliable souvenir remonte à la construction des
Prairiales.
Il
se trouve qu’un tuyau d’évacuation d’eaux usées traversait le
terrain perpendiculairement à la voie d’accès à construire. Pour
éviter que la chaussée ne fasse un cassis à cet endroit, le
conseiller en charge du dossier a énoncé la solution mise en œuvre.
Je cite : « nous avons remplacé la buse de 40 par 2 buses
de 20. »
En
entendant cela, comme vous j’ai fait un bon sur ma chaise. Mais,
public, je n’ai rien pu dire sur ce problème de CM2. Ce qui m’a
étonné, c’est que ni
le maire de l’époque, entrepreneur de travaux publics, ni
le 1er
adjoint, ingénieur DDE, n’ont fait de commentaires.
J’ai
2 explications à ce silence (que je donne suivant l’humeur du
jour), mais je suis volontiers preneur d’une 3ème.
Sur
ces 12 années d’élu, j’ai un regret : c’est l’absence
de démocratie réelle
dans nos pratiques. Je dis bien « démocratie
réelle ».
J’ai
vécu en Afrique, 12 ans dans une vraie dictature aux apparences de
démocratie, avec élections régulières mais parti unique :
même pas besoin de bourrer les urnes. J’en connais les traits, les
avantages et les limites.
Lors
du mandat précédent, le maire adjoint m’a, en conseil, et suite à
une remarque, renvoyé dans les cordes en précisant que, si je
n’étais pas contant, il y avait des élections dans 5 ans, qu’il
avait été élu et qu’il faisait ce qu’il voulait jusqu’à la
prochaine échéance.
J’ai
une plus haute idée de la démocratie et je n’ai jamais confondu
majorité des exprimés avec blanc-seing, surtout lorsque le
plébiscite est assuré par 25% du corps électoral !
D’un
autre côté, comme on dit, ce type d’autisme est très partagé.
C’est
cet entêtement à ne rien vouloir admettre des remarques de la
minorité qui m’a obligé à faire condamner la ville par le
Tribunal Administratif. Et pourtant, si j’étudie les textes, je ne
suis pas très procédurier.
Avant
de rejoindre les rangs du public, ce que je ferai dès le prochain
conseil, j’émets un souhait : que cet état des choses
évolue. Peut-être qu’alors, ceux de nos collègues qui, fatigués
de n’avoir à obéir qu’à l’injonction « tais-toi
et lève la main »,
peut-être, dis-je, reviendront-ils. C’est mon souhait pour le
présent et pour les mandats à venir.
Je
vous remercie.
Lundi
9 juillet 2018